Palais de Tokyo

Isabelle Cornaro

11 Apr - 06 Sep 2015

© Isabelle Cornaro
Scenes # 1 (2015)
contre-plaqué de bouleau verni, Perspex miroir doré, peinture acrylique sur verre. Reproductions (# 1, purple) (2010/15), peinture acrylique pulvérisée
sur mur. Vue de l’exposition Isabelle Cornaro, « Témoins oculaires », Spike Island, janvier-mars. Photo Stuart Whipps (photographe) et Spike Island. Courtesy de l’artiste et galeries Balice Hertling, Hannah Hoffman and Francesca Pia.
ISABELLE CORNARO
11 April - 6 September 2015

Commissaire : Julien Fronsacq

Isabelle Cornaro est invitée à concevoir une oeuvre pour le Païpe. À la suite des interventions réalisées par Ulla von Brandenburg et Sheila Hicks, il semblait pertinent d’inviter Isabelle Cornaro à concevoir une installation in situ pour un espace à mi-chemin entre le théâtre frontal et le diorama immersif, tant cette artiste est attachée à la construction gestuelle comme mentale du paysage, entre mimésis et abstraction. Le paysage constitue une prémisse importante dans l’oeuvre de l’artiste, que ce soit dans les photographies intitulées Savane autour de Bangui et le fleuve Utubangui (2003-2007) où le territoire est dessiné à l’aide de bijoux, ou la série d’installations Paysage avec poussin et témoins oculaires (2008-) inspirées du peintre Nicolas Poussin (1594-1665), de ses paysages pastoraux et de ses évocations d’un monde champêtre idéalisé.

Pour le Palais de Tokyo, Isabelle Cornaro a décidé de réaliser une installation de peintures murales. Ces oeuvres in situ produites à l’aide de peinture projetée sont les reproductions de photogrammes issues du film 16mm Floues et colorées (2010), déployant paysages, abstractions géométriques et monochromes. Après avoir présenté une partie des paysages et des abstractions géométriques issus de cette série à la Fondation d’Entreprise Ricard (2010) et au Magasin (2012), Isabelle Cornaro fait le choix d’en montrer des monochromes au Palais de Tokyo. Ces oeuvres, produites à l’aide de sprays au rendu tangible, gardent les proportions d’une projection cinématographique, leur conférant un aspect fortement perceptif. L’artiste avoue volontiers la référence – même galvaudée – aux Meules que Claude Monet a réalisées non loin de Giverny entre 1890 et 1891. Outre l’importance que cette dernière série revêt pour le pionnier de l’abstraction, Kandinsky, on peut aussi souligner celle de la particularité du système complexe, qui oscille entre naturalisme et idéalisme, que Monet élabore au fil des séries de plein air, au cours de l’aménagement de son jardin de Giverny et à travers son installation des Nymphéas pour l’Orangerie.

Le Païpe du Palais de Tokyo devient un véritable espace déambulatoire où nous observons peintures projetées et arrêts sur image vibratoires, faisant alors l’expérience singulière, à la fois physique et mentale, d’un aller-retour incessant entre deux régimes de production et de réception de l’image généralement mis en opposition. Dans la série photographique Savane autour de Bangui et le fleuve Utubangui, il est question de corps. Les éléments de parure corporelle deviennent les contours d’un territoire hanté par le corps humain. Ailleurs, Isabelle Cornaro reconstitue le paysage idyllique et immémorial de Poussin à l’aide de socles et d’objets quotidiens pour en faire une installation tridimensionnelle, l’espace du visiteur. Dans l’installation que l’artiste propose pour le Païpe, il est également question de corps. L’ordonnancement à l’échelle de l’architecture de
l’ensemble de ses peintures joue sur les perspectives, les dimensions et les points de vue, faisant du positionnement du spectateur une des conditions de la plurivocité des oeuvres et provoquant une expérience temporelle et spatiale singulière.
 

Tags: Ulla von Brandenburg, Isabelle Cornaro, Sheila Hicks, Wassily Kandinsky, Claude Monet